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Hypotypose de la maternité

10 septembre 2014

L'aventure commence

Les premiers temps, tu apprends à être enceinte. C'est un état nouveau que ton corps ne connaît pas.  Tu penses à ce bébé à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Évidemment, tes conversations avec Bibich' s'en ressentent. Tu passes de "et si tu me faisais une levrette sauvage la, tout de suite..." à "tu penses qu'il vaut mieux lui donner le sein où lui filer des biberons ?".

Au final, TOUTES tes conversations ne tourneront qu'autour de cet enfant qui n'est pas encore la mais qui prend déjà toute la place. 

C'est étrange parce qu'il est abstrait cet enfant. Il "n'existe" pas vraiment mais pourtant, il est la. Tu ne le sens pas mais pourtant il est la. Personne ne le sait mais pourtant il est la. Tu te demandes comment font les gens que tu croises dans la rue pour ne pas s'apercevoir qu'il est la. Bordel. Cela dit, il n'est pas vraiment la mais il est la. 

La femme enceinte est un être confus déroutant fascinant. 

Puis arrive le rendez-vous tant attendu chez ton gynécologue. Celui qui va confirmer que tu n'es pas complètement dingue. Tu te lèves aux aurores, le minou propre et l'utérus fringant et te voila prête à affronter le monde l'attente interminable. Il va vraiment falloir que tu t'habitues à attendre. Aucune personne appartenant au corps médical ne connaît la ponctualité.

Autant, pour le premier rendez-vous, l'attente peut ressembler à cela : 

Source: Externe

 

Autant, pour tous les autres quand tu arriveras en ayant bu 158 litres d'eau et que tu verras les 14 personnes qui sont avant toi, tu ressembleras plutôt à ça : 

Source: Externe

 

Tu entres, tu présentes tes antécédents médicaux sur 21 générations quand tout à coup : "Déhabillez-vous et montez sur la balance". 

Source: Externe

Il faut également que tu prennes conscience qu'à partir de cet instant, tu n'es plus et tu ne seras JAMAIS PLUS une princesse. Ton Q, ton minou, ton poids, ton sang, tes flatulences, tes cacas.... Tout sera exposé et analysé. Ton gynécologue posera des questions pourtant simples "vous allez à la selle tous les jours ? Comment sont elles ?" et Bibich' sera près de toi, écoutant vaillament tes réponses.  Si tu as la chance d'être avec un gentleman, il ne te reparlera pas de tout cela à la sortie du rendez-vous. Sinon, il va se foutre de ta gueule pendant neuf mois. 

Bref. 

Ce premier rendez-vous s'annonce bien. Le gynéco a l'air sympa. Tu enlèves tes fringues (tu te félicites au passage de l'épilation express de tes mollets faite une heure auparavant) et tu t'allonges sur la table qui va devenir ta meilleure amie pendant des mois. Il s'approche de toi et te dit qu'il va procéder à une "échographie de contrôle". 

C'est ton premier enfant. Tu as déjà passé des échographie dans le passé quand tu avais ton kyste sur l'ovaire droit... Où un mal de ventre récalcitrant. Tu repenses à cet appareil orné d'une petite boule en plastique que l'on te passe sur le ventre avec du gel froid. Mais détrompes-toi... Jusqu'à ton quatrième mois de grossesse, tu vas devoir affronter ce que l'on appelle communément des "échographies endo-vaginales". 

La toute première fois, quand tu verras ton médecin s'approcher de ton minou avec son truc en plastique de trente centimètres recouvert d'un préservatif pour nain :

Source: Externe

Bibich' ne fera pas forcément plus le fier mais au moins, il ne laissera rien paraître. Et tout à coup, l'écran s'allume et tu vois un truc ton bébé : 

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Tu vois ça. Tu as beau chercher, tu ne distingues absolument aucun détails... et tu entends le médecin annoncer "je vais le mesurer de la tête aux fesses". 

Source: Externe

MAIS COMMENT IL PEUT VOIR UNE TÊTE ET DES FESSES LUI ???? 

 

Et tout à coup, arrive un instant que tu n'oublieras pas. Tu sais, de ces instants qui restent gravés. Tu vas entendre son coeur pour la première fois. 

Tu vas prendre conscience que les battements que tu entends ne sont PAS les TIENS. Tu vas prendre conscience de ce bébé. De ta grossesse. Des changements à venir. 

Je t'assure qu'à cet instant précis, tu vas te prendre la plus grosse tarte dans la gueule de ta vie

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3 septembre 2014

L'annonce

Je dois t'avouer que j'ai passé une nuit blanche. Mes deux tests dans la main. 

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Je ne peux même pas te dire tout ce qui m'est passé par la tête cette nuit-là. J'oscillais entre joie et angoisse. J'ai commencé à penser à l'annonce à Bibich'. Comment lui annoncer ça sans risquer l'attaque cardiaque ? 

Le lendemain matin, j'étais devant le labo avant même son ouverture. Il fallait que je sache. Parce que l'idée que les deux tests soient des faux positifs m'avait quand même effleuré l'esprit. 

J'arive au labo, j'agresse la secrétaire, on me prélève mon litron de sang. La nana me dit de revenir à 16h pour les résultats. 

Tu imagines bien que je n'ai pas forcément été productive ce jour-la. J'annonce à la pétasse blonde qui me sert de substitut de chef qu'à 16h pétantes je dois me casser parce que je dois récupérer "des résultats". Elle commence à faire sa curieuse "quel résultats ?", "tu es malade ?". Je t'assure que même avec toute la meilleure volonté du monde tu ne peux pas tenir ta langue. Tu lâches le morceau "parce que je pense être enceinte".... et la, tu la vois s'effondrer. 

Je préfère te l'annoncer tout de suite avant que tu ne te berces d'illusions : Il y aura plus de gens qui seront mécontents d'apprendre que tu es enceinte que de gens qui sauteront au plafond. Non. je reprends. Il y aura plus de FEMMES mécontentes d'apprendre que tu enceinte. Les hommes considéreront juste que tu n'es plus sur le marché des "potentiellement baisables". En clair, ils n'en auront strictement rien à branler. 

Bibich' arrive devant mon boulot à 16h précises. Je lui indique sans pouvoir le regarder dans les yeux que nous devons passer chercher des résultats au labo. Il ne me pose aucune question. Il se gare, je saute de la voiture en marche et je fonce au comptoir du labo tel un pilier de rugby. Je donne mon nom, elle me tend une enveloppe. Je l'ouvre. 

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 395 mUI/ml. 

Je ne vois plus rien. Ça veut dire que je suis enceinte ? Ça veut dire que les tests étaient faux ? J'agresse à nouveau la secrétaire (qui ne m'avait pas oublié la garce...) et elle me répond "bah elle ne sait pas lire ? C'est marqué la ! C'est positif !"

Source: Externe

 

Je ne sais pas encore si ce sont des larmes de joie où d'emmerdes. Je sais juste qu'il faut que je me contienne bordel. Bibich' est dans la voiture juste devant et il m'attend le bougre. 

Je sors du labo, les yeux rouges, je monte dans la voiture. 

Bibich' me sort un merveilleux "tu sais, je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas... Je te connais". S'il avait pu lire mes pensées, il aurait pu y avoir "attends dix minutes mon amour, toi aussi tu auras quelque chose qui n'ira pas...". 

Il se gare. Je l'emmène s'assoir sur les bords de Marne. Face à une mignonne petite péniche. 

- Chéri, tu as vu que quelque chose n'allait pas. 

Source: Externe

- Tu as raison. Quelque chose ne va pas. Il faut que je te montre quelque chose. 

Source: Externe

 

Je lui donne la lettre suivante : 

"Cher Bibich',

Je me permets de t'écrire aujourd'hui car je pense que tu pourras m'aider d'ici quelques mois. Je viens d'emmenager dans un petit appartement douillet et très confortable. Je suis nourri, logé et on ne me demande rien en contrepartie. Le problème, c'est que ma propriétaire, une femme absolument charmante par ailleurs, m'a déjà averti de mon expulsion d'ici quelques mois. Parait-il que je vais devenir trop encombrant, trop remuant. Sa décision est sans appel, je lui file la nausée, voilà ce qu'elle m'a dit. 

Ne sachant où aller ce jour-là car je suis assez peu autonome, je te demander gracieusement l'hospitalité au sein de ton foyer. J'espère ne pas avoir l'air d'abuser de ta générosité mais si tu pouvais me prévoir un petit coin, quelques vêtements, un lit chaud, de quoi manger, de quoi faier mes petits besoins ainsi que beaucoup de câlins, car je suis très demandeur, je t'en serais éternellement reconnaissant. Bon, c'est vrai que je ne suis pas le locataire rêvé : je ne paye pas de loyer, quand j'aurai bien pris mes marques je risque même de céder à mes instincts en fouillant dans tes affaires.

Ah oui, une dernière chose. Je ne peux pas te promettre de ne pas faire de bruit où de ne pas gâcher tes nuits, ni de ne pas monopoliser un petit peu trop l'attention sur moi mais je te promets en échange tout l'amour du monde. Si tu es d'accord, j'ai même envie de t'appeler Papa... 

Bébé en route depuis le 6 août... Débarquement prévu début mai 2015. "

 Il lit. Relit. Relit une troisième fois. Me regarde. 

Source: Externe

 

 - Chéri, tu as compris la lettre ?

Source: Externe

 Cinq où six minutes plus tard.... 

Source: Externe

Y aurait-il comme une légère réaction ?

Il me regarde... intensément et me dit "mais... pourquoi le 6 août ?"

Source: Externe

 Trois minutes après, il m'a enfin demandé si c'était vrai. 

Et sa première VRAIE réaction quand il a (enfin) compris.... 

Source: Externe

 

Ce qui, tu t'en doutes, a grandement contribué à mon soulagement. Je lui ai demandé ce qu'il voulait faire du fait de la jeunesse de notre couple. Il a été serein en me répondant "j'ai 36 ans. Tu en as 33. Nous avons deux boulots stables. Hors de question d'avorter, on va assumer ce bébé"

Et c'était parti pour l'aventure... 

1 septembre 2014

La découverte

Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai voulu faire un test ce soir-la. Je n'avais pas de retard. Pratiquement aucun signe d'une quelconque grossesse et comble du comble, j'étais seule chez moi. Bibichou étant bloqué chez lui par le boulot. Rien ne prédisposait à ce que je puisse me lancer à ce moment précis. 

Connaissant par coeur la date de mes cycles, je savais que le "risque" que Bibich' et moi avions pris n'en était pas vraiment un. 

Je ne me souviens pas vraiment de ma journée du 20 août 2014. Je sais que j'ai pris le métro pour rentrer chez moi, dans le centre de Paris, me demandant sûrement ce que j'allais me faire à bouffer le soir-même.  Je me souviens m'être connectée à internet pour parler avec Bibich'. Longtemps. Je me souviens lui avoir dit "je vais prendre une douche, je te récupère après" aux alentours de 22h. 

C'est LA que j'ai fait ce putain de test. J'ai pissé dessus, je l'ai posé à l'envers sur mon lavabo et je suis allée me doucher. Je suis sortie, me suis séchée et j'ai couru pour parler à Bibich'. On était en train de se dire qu'on ne pourrait pas se voir le lendemain, un jeudi, mais nous programmions déjà notre soirée du vendredi. C'est à 22h30 que je me suis souvenue du test posé en équilibre toujours dans ma salle de bain. 

Je me lève. 

J'entre dans la salle de bain. 

Je prends le test. 

DEUX TRAITS. Ce PUTAIN de test est POSITIF. 

Source: Externe

Je me dis que ça fait un moment qu'il est la et que ça ne veut strictement rien dire. C'est impossible. Après tout, cela ne fait qu'un mois que Bibich' et moi sommes ensemble. C'est impossible. Nous n'avons pris qu'un seul petit risque. C'est impossible. Je viens de galérer trois ans avec mon ex-enculé pour des FIV. C'est impossible. Impossible, impossible, impossible. C'est IMPOSSIBLE

Je souris un peu en pensant à l'anecdote que je pourrai raconter aux copines le lendemain "vous vous rendez compte de la trouille ??? Truc de ouf !"

De ma période de FIV, j'avais gardé tout un tas de test de grossesse. J'en reprends un, sûre de moi, et me revoila en train de pisser. Cette fois, je ne le retourne pas et je le garde précieusement dans ma main en regardant la petite fenêtre magique. Le résultat a mis à peu près... cinq secondes pour apparaître : PO-SI-TIF

Dans l'ordre, voila à peu près les quinze minutes qui ont suivi cette découverte : 

Source: Externe

 

Source: Externe

 

Source: Externe

 

A ce moment la, j'ai fait la seule chose que toute femme à peu près censée, mature et responsable devait faire : J'ai téléphoné à ma mère en pleurant

Après avoir raccroché, j'ai envoyé un message à Bibich' : "Faut que l'on se voit demain. Je dois te parler". 

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